Pour une énième fois ce jour-là, Raine d'Émeraude se détourna en soupirant du vivarium de papillons Acaera Vivaceri qu'elle élevait dans son bureau. Très difficile à garder en vie, évidemment encore plus à garder heureux. C'était son seul souvenir de la forêt des Elfes; Le premier couple avait été un cadeau d'un voyageur en visite, quelques années plus tôt.
À présent, elle en possédait cinquante-huit. Cinquante-huit papillons capricieux hautement colorés, à l'énergie magique instable et à la durée de vie absolument indéterminée, qu'elle étudiait depuis qu'elle avait suffisamment de sujets d'analyse.
Aujourd'hui, comme c'était le cas chaque jour depuis deux semaines, elle n'avait rien pu tirer de sa petite colonie. Ils étaient visiblement malheureux, et lorsque l'énergie positive ne radiait pas d'eux en vagues puissantes, l'observation était rendue impossible. En fait, ils repoussaient comme un aimant quiconque s'approchait de leur vivarium. Y compris leur propriétaire.
Raine en était donc réduite à l'observer de loin et à chercher la raison de leur malheur. Aucun papillon n'était mort, de ce qu'elle pouvait voir; Il n'y avait pas un grain de poussière diamantée sur les feuilles.
C'est aussi bien qu'il n'y en ait pas, songea la magicienne. Non seulement tenait-elle beaucoup à ses sujets d'observation, mais elle ne comptait plus le nombre de fois où des gens l'avaient visitée et voulaient lui acheter la poussière en question pour des prix de fous. Jamais elle n'avait cédé, toutefois. Certes, elle avait besoin d'or, comme tout le monde. Mais la plupart de ses dépenses étaient payées par le Roi. Ce que la poudre de diamant, achetée chez un apothicaire, n'aurait pas été, malgré ses propriétés et son utilité.
S'il n'y avait pas de mort, toutefois, qu'est-ce qui causait un tel émoi chez ses petits protégés? Leur vivarium était grand, très grand. Au départ, ce n'était rien de plus qu'un petit bocal dans lequel elle faisait pousser des plantes de la forêt. À présent, il prenait un pan de mur complet, l'ayant obligée à transférer une de ses bibliothèques dans ses appartements. Résultat, ils ne se plaignaient certainement pas de la taille. De même, leur nombre était élevé, de sorte qu'ils ne pouvaient pas se sentir seuls.
La solution était toujours un grand mystère...
Raine s'installa à son bureau, énorme et ordonné malgré les livres qui s'empilaient dessus, et se visualisa à la place de l'une de ses créatures. Rien de difficile. Elle était elle-même seule dans une tour, comme ils étaient seuls sur leur branche, dans un univers trop grand et trop vide...
Vide. Les papillons pouvaient-ils lui reprocher l'espace inutilisé de leur propre petit univers?
Elle devrait y réfléchir. Et peut-être demander l'avis de quelqu'un d'autre. De toute manière, elle n'en pouvait plus d'être seule dans sa tour trop grande, et les cours ne commenceraient pas avant un moment encore.
Son idée faite, la demi-elfe se concentra sur ses forces mentales.
Une étrange toile en noir et blanc se présenta à son esprit, représentant les différentes personnes qui se trouvaient dans le périmètre qui se trouvait à sa portée.
En choisissant une qu'elle croyait capable de l'aider, ou au moins de lui tenir compagnie un moment, Raine lui envoya un message télépathique.
Sam 8 Sep - 10:27