Nouvelle journée d'horreur

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Douleur. Douleur. Douleur si intense que s’en était presque insupportable. Ce fut la première chose que ressentit Élaina lorsqu’elle reprit connaissance; la seconde fut le froid. Elle se retrouvait sur le sol, sur le plancher de dalles froid d’une pièce. Et alors tout lui revint en tête... la façon brusque dont un de ces insectes l’avait attrapé en riant, enfin, elle supposait qu’il riait, puis la faiblesse avec laquelle elle avait protesté pour finalement se faire tiré par les cheveux dans une alvéole et le reste était trop horrible pour... trop tard, les images défilaient dans son esprit. Toujours plus brusquement, toujours plus brutalement presque avec cruauté. Élaina avait beau fermé les yeux, elle revoyait tout. Elle se mit à pleurer, toujours couchée sur les dalles froides. Elle maudissait sa propre faiblesse, sa propre inaptitude à se défendre... Elle pleura longtemps puis lorsque le froid devint insupportable et qu’il ne restait plus de larmes pour pleurer, elle se leva. Aussitôt elle ressentit plusieurs courbatures dans ses muscles et elle pu apercevoir la présence de plusieurs bleus, de gros bleus sur son corps, en silence elle saisit une tunique placée dans un coin de la pièce, son vêtement était sale, et comportait quelques trous. Heureusement elle avait une tunique de rechange, elle n’aurait qu’à laver celle-ci puis à recoudre les trous et elle serait comme neuve! Enfin... dans un état acceptable.

La jeune adolescente resta un moment, hésitant à ouvrir la porte, sa journée serait encore une fois des plus horribles et pour l’instant elle vivait un rare moment de répit, par contre de douloureux souvenirs hantaient cette salle et Élaina ne pu le supporter davantage, elle sortit de l’alvéole et se précipita dans sa chambre à elle. Elle avait été chanceuse d’avoir sa propre chambre, évidemment cette alvéole était si petite qu’elle ne pouvait y dormir qu’en position fœtale, du moins lorsque elle n’était pas occupée. Elle se changea dans sa tunique propre, et se rendit à la plage afin de laver l’autre. Lorsqu’elle aperçu son reflet dans l’eau elle lâcha un petit cri; elle avait une mine affreuse! D’horribles cernes noirs entouraient ses yeux et elle était plus blême que jamais, ses yeux étaient tout rougis... comme s’ils en avaient besoin. En plus ses cheveux étaient tout emmêlés mais ils pourraient quand même aider à masquer quelques un de ses bleus. S’assurant qu’il n’y avait personne dans les parages, l’albinos se concentra et grâce à son pouvoir parvint à masquer ses cernes et la rougeur autour de ses yeux disparus, quelques bleus s’amincirent... presque parfait. Utilisant l’eau de la mer, elle se rinça le visage et elle passa ses fins doigts à travers ses cheveux afin de les démêler. Voilà, elle avait l’air un peu plus humaine et présentable à présent. Un faible sourire atteint ses lèvres et elle se remit à la tâche, laver sa tunique.

En chemin vers son alvéole, un insecte croisa son chemin et celui-ci repoussa la jeune fille avec dédain contre le mur. Élaina s’affala au sol et baissa la tête en signe de soumission n’osant rien dire ou faire. L’insecte l’ignora complètement et reprit son chemin comme si de rien n’était. La jeune fille lui jeta un dernier coup d’œil et s’assura qu’il ait changé de couloir avant de continuer son chemin elle se précipita dans sa chambre, comme elle aimait appeler cette salle et serra son vêtement fraîchement lavé. Elle se mit alors à genoux et joignant ses mains, se mit à prier. Étant originaire du royaume de Rubis, ou du moins, y ayant été élevé, la jeune adolescente avait l’habitude de prier Théandras la déesse de Rubis, même si depuis son arrivé elle priait tous les dieux qu’elle connaissait.

- Ô Déesse, aide-moi. Ces créatures me font peur et me font mal, je veux sortir d’ici et revenir chez moi. Tout est mieux qu’ici... Pourquoi est-ce que personne ne m’aime? Pourquoi les gens me veulent du mal? Je ne leur ai rien fait... je veux savoir...

Et la jeune adolescente continua ainsi pendant quelques minutes, quelques larmes glissèrent le long de sa joue et Élaina les essuya doucement. Elle se leva alors et sortit de sa chambre, prête à affronter une nouvelle journée d’horreur.

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- Ayath!

Le sang d’Élaina ne fit qu’un tour. Cet appel ne pouvait signifier qu’une chose, on allait encore la faire travailler... mais bon, c’était le lot d’une esclave, car c’était bien ce qu’elle était, une esclave. La jeune adolescente avait beaucoup regretté sa fugue du palais, elle n’y avait pas été heureuse par contre on la traitait un peu mieux que maintenant...

- Ayath!

Cette fois l’appel ce fit plus persistant plus féroce, l’insecte s’impatientait, Élaina blêmit en pensant à la punition qu’elle aurait et se précipita en direction de l’appel; lorsqu’elle eu rejoint un insecte plutôt costaud la jeune adolescente baissa la tête, signe qu’elle était prête à faire ce qu’on voulait d’elle. L’insecte s’avança d’elle et la gifla au visage, la pauvre esclave en tomba au sol mais elle ne pleura pas, il n’aurait pas la joie de la voir pleurer. Elle releva alors la tête et la rabaissa aussitôt en reconnaissant un commandant de troupe.

- Tu es en retard!

Parce qu’ils possédaient un rang plus élevés que les autres insectes, les comandants de troupes se croyaient presque aussi supérieur que l’empereur et exigeait d’Ayath le plus grand respect, certains lui demandaient même de s’incliner en leurs présences. Au moindre signe de manque de respect ou de ce qu’ils considéraient comme un manque de respect l’esclave avait droit à une bonne correction. De tous les insectes, les commandants étaient les pires.

- Maintenant, nettoie le plancher de la salle à manger!

Il lui tendit un sceau rempli d’eau et quelques torchons. Élaina hocha doucement la tête et saisit les objets qu’on lui tendait. Elle avait vite appris quelques rudiments du langage des insectes au grand plaisir de ceux-ci qui en profitait souvent pour l’insulter ou pour lui prodiguer des menaces, bref n’importe quoi pour rendre sa vie encore plus infernale. L’adolescente se rendit d’un pas lourd en direction de la salle à manger mais accéléra le pas en entendant un fouet claquer derrière elle. Un rire gras se fit alors entendre et les échos de se rire se percutèrent au mur. Pendant tout ce temps Élaina avançait le plus rapidement possible sans renverser d’eau en direction de la salle à manger.

Il s’agissait d’une grande salle toute aussi lugubre que le reste de la ruche, sombre, froide... en plus les repas qu’y mangeaient les insectes étaient vraiment répugnants! De la viande crue! Lorsqu’elle ne parvenait pas à cuire le peu de nourriture qu’elle recevait au-dessus d’un petit feu en cachette et bien elle devait se contenter de viande crue, ce qui l’avait rendue malade plus d’une fois. Mais pour le moment, elle devait se mettre au travail, la salle était immense et avait grand besoin d’être nettoyé. Elle rinça sa guenille et se mit à frotter, avec ardeur.

Le travail se faisait lentement mais il était bien fait, Élaina avait bien trop peur de se faire punir si jamais elle laissait une seule tâche, une seule poussière sur le plancher, cela la poussait à être très consciencieuse. Heureusement qu’il n’y avait personne dans la salle en ce moment, certains l’auraient contrainte à travailler plus vite et d’autres se seraient amusés à salir le plancher. Le désespoir la ressaisit lorsqu’elle constata l’ampleur de sa tâche et ses épaules s’affaissèrent. Elle ne pu pas s’empêcher de se remettre à prier.

- Ô déesse, aide-moi dans mes tâches, aide-moi à trouver la force de continuer jusqu’à ce que je puisse enfin sortir d’ici...

Hasard ou non, Élaina cru alors sentir une force l’habiter et elle retrouva le courage de continuer sa tâche et elle se remit à frotter. Un sourire atteignit ses lèvres et elle ajouta:

- Merci, déesse...

- À qui parles-tu?

[J'ai tu le droit de faire des doubles posts?]

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Élaina se retrouvait dans sa chambre, elle était de nouveau couchée en position fœtale et elle pleurait, relâchant toute sa tension de la journée en ce moment qui lui appartenait enfin. Après avoir été surprise à prier dans la salle à mangée les choses ne s’étaient pas bien passés...

« ... - À qui parles-tu?!

L’insecte était très en colère, il cliquetait de rage et son ton était encore plus dédaigneux et menaçant que d’habitude. Il attrapa Élaina par le bras et la tenait si fortement que ses griffes percèrent la peau sensible de la jeune fille qui ne pu retenir un gémissement de douleur. L’insecte eu un sourire satisfait et appuya encore plus fort tout en imposant son regard dans celui de l’esclave. La réponse de celle-ci ne fit qu’agrandir la colère de l’insecte...

- À personne!

- Tu sais où l’on emmène les petites menteuses de ton genre? Chez le mage...

Il la poussa au sol devant lui et lui donna un coup de pied avant de la ressaisir par le bras et de la traîner dans les couloirs de plus en plus sombres et lugubres de la ruche... »

Élaina voulut alors modifier sa position mais une forte douleur au ventre l’en dissuada et de toute façon elle n’en avait pas l’espace. Elle posa un regard sur son bras ensanglanté avant de replonger dans ses souvenirs... aussi horribles fussent-ils, de toute façon elle n’avait pas le choix ; les images ne voulaient pas s’effacer...

« - Je ne parlais à personne !

- Elle ment.

Une voix posée c’était élevée semblant venir de partout et de nulle part à la fois, Élaina ne pu retenir le geste futile de se retourner et un léger rire mesquin s’éleva, vite interrompu par de nouvelles protestations de la part de la jeune esclave.

- Je ne parlais pas, je priais... je le jure!

Il y eu d’abord un silence puis un second rire moqueur s’éleva, encore une fois la voix sembla s’élever de partout et de nulle part à la fois.

- Tu crois vraiment que Lishmeth exaucerait tes prières? »

Cela apporta Élaina à un autre souvenir, un souvenir si lointain qu’il semblait provenir d’une autre vie et cette autre vie ne semblait pas beaucoup plus agréable que celle-ci...

«... Élaina était partit prier à la chapelle, elle venait de devenir servante et la jeune fille priait pour que son fardeau s’allège surtout à cause de la mort récente de sa mère d’adoption. Puis quelques jeunes habitants du château étaient passés et l’avaient aperçus.

- Hey tout le monde ! Regardez! Le monstre prie! Hey le monstre, croies-tu vraiment que les dieux se soucient d’une chose aussi laide que toi!

Puis ils s’étaient mis à rire et leur rires avaient résonnés dans la chapelle jusqu’à ce qu’Élaina n’en puisse plus puis s’en aille en courant, les larmes aux yeux...»

Le souvenir en lui-même était douloureux et apportait toujours autant de peines et de souffrances. Elle n’avait pas de place de nulle part... Personne n’accepterait un monstre. Pourtant une part d’elle-même lui criait qu’elle n’était pas un monstre, les vrais monstres c’étaient eux. Mais si c’était vrai, pourquoi est-ce qu’on la méprisait elle? On n’aimait jamais les monstres et elle, personne ne l’aimait. C’est faux, répéta la voix, Élie t’aime! Mais Élie est morte, insista Élaina qui colla davantage ses jambes contre son cœur.

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Souvenirs, souvenirs... Que n’aurait-elle pas donné pour ne se souvenir de rien, pour n’avoir qu’à fermer les yeux et tout oublier; tout oublier de ses malheurs, tous oublier de ses peurs, de ses doutes et tout oublier de sa vie qui ne lui avait rien apporté de bon. Élaina se demandait souvent pourquoi elle ne finissait pas sa vie tout de suite, elle en avait les moyens: la mer, les montagnes, la viande crue, les armes des insectes et pourtant, au fond d’elle-même, la jeune fille savait qu’elle ne pourrait jamais se résoudre à en finir de sa vie, pas parce qu’elle avait peur de la mort, bien au contraire, mais à cause du fin espoir qui lui restait.

L’espoir, l’espoir d’une vie meilleur; l’espoir qu’un jour on l’accepte; l’espoir qu’un jour, une personne l’aime pour ce qu’elle est... L’espoir était la seule chose qui lui restait... l’espoir et la foi, deux mince choses qui, pourtant, gardait toutes leur importance dans le cœur d’Élaina qui lui semblait si seul et froid. Personne à aimer, personne à manquer... oh non, c’était faux. Il y avait Élie, la belle et douce Élie la seule personne à l’aimer... L’amour d’une mère est plus fort que tout, disait-elle.

- Alors pourquoi m’as-tu quitté? Pourquoi as-tu laissé ses gens me traiter de monstre, alors que tu me jurais que j’étais belle? Est-ce que tout n’était que mensonge?

Cria-t-elle avant de se mettre à pleurer. Elle n’avait pas voulu crier, ou alors ne crier que dans son esprit... elle ne savait plus. Mais à présent, son cœur se serrait et sa gorge sembla s’assécher alors que les larmes coulaient, coulaient à flots. C’est alors que la jeune fille ressentit un tout nouveau sentiment. Elle ressentit un brûlement dans ses veines et ses yeux s’enflammèrent... elle ressentait de la colère. Élaina avait envie de tout casser, de tout détruire, de hurler jusqu’à ne plus avoir de force. Elle avait envie de partir, de s’en aller et de trouver un monde qui l’accepte... avec des gens qui lui ressemblait.

C’est alors que douce présence se fit sentir, allégeant l’atmosphère et transportant avec elle une onde de douceur et de bienfaisance. Élaina se calma et se sentit bien, et tout doucement elle ferma les yeux. Elle oublia tout de sa journée tandis qu’elle était de plus en plus tirée vers le sommeil vers de doux rêves remplis d’espoir.

Alors qu’elle était profondément endormie elle entendit de gros coups à sa porte, qui finit par voler en éclat. Elle se leva en sursaut et c’est rempli de terreur qu’elle comprit ce qui ce passait. Un énorme insecte se trouvait dans sa chambre, le regard examina les courbes féminines de la jeune fille, la bouche salivant déjà à l’idée de la soirée qu’il allait passer. Il s’approcha de la jeune esclave qu’il savait terrifiée mais il s’en foutait, il avait besoin de se divertir et n’était-elle pas là pour ça?

Plus il s’avançait, plus Élaina reculait sur son lit, mais il n’y avait que très peu d’espaces et bientôt elle ne pu reculer, sa dos étaient collés au mur et ses jambes étaient repliés contre elle, l’esclave était prise au piège alors que l’insecte s’avançait toujours. Bientôt il fut assez près d’elle pour la toucher et la pauvre jeune fille frissonna de peur... elle ne pouvait rien faire contre lui. Mais prise d’une inspiration soudaine, Élaina repoussa l’insecte de toutes ses forces. Celui-ci surpris, fut envoyé juste assez loin pour permettre à la jeune adolescente de s’enfuir par la porte.

- N’essaie pas de fuir, tu es à moi!

Elle se mit à courir. Malheureusement ses jambes étaient trop faibles; elle ne pourrait pas tenir plus longtemps, l’esclave perdait rapidement ses forces. Finalement, elle sentit deux longs bras, durs et froids, la saisir. Elle cria et tenta de se libérer de la poigne de l’insecte. Des larmes d’impuissances se mirent à couler, alors qu’Élaina se faisait entraîné contre son gré vers une alvéole vide et sombre. Toujours elle se débattit avec la rage du désespoir... mais il était trop fort, et sa poigne se raffermît davantage l’empêchant presque de respirer. La jeune adolescente sentit alors une énorme claque fusée et se cogner contre sa joue. Une immense douleur l’envahit ainsi qu’un étrange sentiment... ses pensées perdaient de leurs clartés.

Il y eu peut-être d’autre coup mais ceux-là, Élaina ne les sentit pas, elle était encore sous le choc et ne faisait que supplier intérieurement de disparaître pour ne pas avoir à subir cette horreur à nouveau. Elle suppliait qui compte l’entendrait de l’aider, de la faire disparaître... de la tuer même s’il le fallait. Tout mais pas ça, pas encore... La dernière chose dont elle eu conscience fut la présence de deux mains froides contre son corps nue... La noirceur et le vide s’étaient emparés de l’esprit de Élaina qui ferma alors les yeux...

[Suite à la Montagne de Cristal]